Située à environ 150 km au sud-est de Maré et culminant à une hauteur de 70 mètres, l’île de Walpole est formée de calcaires récifaux massifs, composés de colonies coraliennes pluridécimétriques, de débris d’organismes calcaires divers appartenant aux mollusques, algues calcaires, Echinodermes et autres débris calcaires d’organismes récifaux (Genthon et al., 2001). Tel un mur, l’île se dresse au milieu de l’océan sans facilité d’accostage.
Mentionnée pour la première fois dans un récit européen en 1794 par le capitaine anglais Butler dans son journal de bord, Walpole est connue des traditions orales kanak, de Maré, l’île des Pins et Lifou qui conservent la connaissance de l’environnement géographique proche et éloigné des différentes îles de l’archipel durant la période dite de l’Ensemble Culturel Traditionnel Kanak.
Lors de son long séjour auprès des habitants de Maré, le Père Dubois collecta dans les traditions orales plusieurs éléments en rapport avec l’île de Walpole (Ha Colo, en langue Nengone) : « Les gens de Guahma y allaient faire la pêche » (Dubois 1968), « pour le prélèvement d’œufs d’oiseaux » (Dubois, 1975), ainsi que dans le mythe de « Waihmadrane Ne Shodron » (Dubois, 1975). Archéologiquement, les nombreux objets anthropiques prélevés sur l’île lors de fouilles sauvages ou lors de courtes missions archéologiques, à l’exemple du mobilier lithique, coquillier ou taillé dans des ossements d’oiseaux, confirment la fréquentation ancienne de l’île de Walpole, bien avant sa découverte par les Européens. Mais ce n’est qu’en 1916 qu’une occupation continue de l’île se mettra en place, dans le cadre de l’exploitation du phosphate par l’Austral Goano jusqu’en 1928 puis d’autres sociétés avant que l’activité ne cesse totalement durant la seconde guerre mondiale.
En novembre 2020, l’Institut d’Archéologie de la Nouvelle-Calédonie et du Pacifique en collaboration avec l’Université de la Nouvelle-Calédonie, s’est rendu sur l’île de Walpole pour lancer une première campagne d’enregistrement et de cartographie (jamais réalisée auparavant) des vestiges historiques liés à cette période d’exploitation du guano entre la fin du XIXème et le début du XXème siècle.
Source : iancp
Crédit photo : iancp